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2024 : l'année de la gratitude

je joue sur une guitare bleu métalisé modèle stratocaster

Voyons ensemble ce que la gratitude m’a apporté et les leçons qu’on peut en tirer.

La gratitude peut sauver votre vie ! Ou au moins, la prolonger et améliorer votre expérience. Est-ce quelque chose que j’invente ? Pas du tout, regardez cette vidéo de Kurzgesagt et on se retrouve dans 10 minutes : https://youtu.be/WPPPFqsECz0?feature=shared

Pourquoi je pratique la gratitude ??

Connaissez-vous la théorie des tempéraments selon Hippocrate ? C’est (totalement) de la pseudo science de l’antiquité, mais il y a des éléments intéressants :

Nous ne sommes pas toutes et tous égaux quant à l’évolution de notre humeur.

Certains seront plutôt joyeux, d’autres plutôt irrités, certains plutôt mélancoliques, et cela est indépendant de notre bon vouloir.

Sans trop vouloir raconter ma vie, je suis plutôt du genre mélancolique. Et pourtant, ceux qui me connaissent me voient comme quelqu’un de naturellement de bonne humeur, et combien de fois on loue mon regard naturellement optimiste vers l’avenir, le futur, mes projets, ma vie…

Est-ce grâce à un fort masquage lors de ma vie en société, ou est-ce grâce à la gratitude ? Un peu des deux. Mais ce qui est sûr, c’est que la gratitude m’aide à vivre mieux.

J’aimerais profiter de ce moment introspectif que représente la fin de l’année pour vous parler de 3 moments clefs qui participent à exercer ma gratitude, et même si pour être franc je n’ai pas la moindre idée d’à quoi va ressembler 2025, je reste optimiste quant à mon avenir et celui de celles et ceux qui me sont chers.

Donner une keynote devant 600 personnes sur un sujet que j’aime et qui m’aime

J’ai donné une keynote au BDXIO sur la place des musiciens dans un monde d’IA générative, qui s’est super bien passée.

Un peu d’histoire : à l’origine, c’était une conférence que j’avais donné en décembre 2023 à la conférence interne de Zenika que vous pouvez voir ici : https://youtu.be/Z7qAp7IA1ZA?feature=shared.

Il n’y avait pas d’IA, mais je mettais déjà en avant l’idée que la génération de contenu procédurale créait un mode de réflexion créatif qui permet de transformer ses émotions en musique, et j’ai vu ces options comme étant des outils à la créativité et non pas le remplacement des musiciens.

Avec la popularisation de l’IA, mon propos n’a pas du tout changé, mais l’outil qui sortait était déjà bien plus performant. J’ai donc adapté mon talk pour parler de la place des musiciens avec l’IA, et j’ai soumis à toutes les conférences possibles : Devfest Nantes, Snowcamp, Devoxx, Mixit, etc.

Et j’ai été refusé partout ! Pour être honnête, j’ai mal vécu que j’ai été refusé partout pendant que mes collègues avaient la joie d’être pris en conférence, et même j’ai mal vécu un des CFP qui me posaient beaucoup de questions techniques sur mon installation musicale (pour au final décliner) et je ne me suis vraiment pas senti mis en confiance, alors qu’il aurait été plus simple de me mettre en contact avec un·e ingénieur du son.

Bref, j’avoue que j’avais un peu le seum et rare chose pour moi, j’étais jaloux.

Quand soudain, alors que je pensais que plus personne ne voulait de mon sujet, je reçois un courrier électronique du BDXIO me demandant si je souhaitais faire la keynote de cloture de la conférence

Et là c’est le moment important : j’ai dit oui sans hésiter. Je suis persuadé que la vie nous donne à toutes et à tous une chance pour accomplir quelque chose de remarquable, bien au delà de ce que l’on pouvait rêver. Quand j’ai reçu cet email, j’ai réalisé que ce moment arrivait, et que je devais sauter sur l’occasion.

Je remercie encore une fois l’équipe du BDXIO de m’avoir fait confiance, et encore une fois Geoffrey Graveaud pour m’avoir coaché. Adapter le talk pour un format keynote m’a demandé environ 1 mois et demi de préparation plus ou moins diffuse dans le temps.

Cette préparation a bien payé car au moment de monter sur scène, tout était prêt, et je savais que j’allais passer un bon moment, et le public aussi.

Je veux vous avouer quelque chose : une fois sur scène, je me suis senti comme “dépossédé”. J’avais une sensation que mon corps était devenu l’instrument d’une forme de réflexion abstraite. J’avais l’impression d’être derrière un écran duquel je commandais chacun de mes faits et gestes. Ce genre de dissociations m’arrivent surtout quand je joue du piano pour des gens, et ça m’a énormément surpris de l’être sur scène.

Heureusement, j’ai adoré ce moment. Parler devant 600 personnes et les voir connecter à mes propos, ça fait voir le monde différemment. Ça me fait me sentir connecté à l’humanité et je crois que c’est un besoin bien haut sur la pyramide de Maslow.

Voilà le premier moment de gratitude : j’ai pu porter un message qui a été compris par mon audience, et j’ai adoré pouvoir être compris. Tout cela est lié à une opportunité qui s’est présentée, et j’ai pu mettre tout le travail qu’il fallait pour préparer la conférence, sans me cramer, et juste en “kiffant”.

Mon site web me fait me sentir libre

On va être sur quelque chose de beaucoup plus terre à terre. J’ai lu cet article durant le mois de septembre, écrit par Molly White : https://www.citationneeded.news/posse/.

L’autrice met en avant la nécessité de reprendre le contrôle de nos réseaux sociaux en publiant sur sa propre plateforme, et en syndiquant sur tous les autres réseaux sociaux. Cela s’appelle POSSE, pour “Post (on) Own Site Syndicate Elsewhere”.

Les avantages sont nombreux : meilleure résistance face à la censure, meilleur contrôle de nos données, liberté d’aborder n’importe quel sujet, et bizarrement ça coûte moins cher !!!

Inconvénients : c’est un petit peu technique…

Il faut savoir qu’à part LinkedIn, Mastodon, et récemment Bluesky, je me suis désinscrit de tous les réseaux sociaux car je pense sincèrement que ce sont les pires inventions numériques qui existent aujourd’hui. Mais cela m’amène un nouveau problème : comment je peux exister numériquement ?

J’ai commencé à recréer un blog tumblr, et medium, et dev.to, mais ce n’était pas suffisant pour mes besoins. J’ai besoin de pouvoir coder, de pouvoir faire des choses amusantes, j’ai besoin de parler de tout ce que je veux, de mettre en place des normes d’accessibilité, de personnaliser le design.

Autre chose : si vous saviez le nombre de personnes qui me disent qu’elles sont surprises que je n’ai pas de “site portfolio” pour un développeur web !!!

Bref, j’ai décidé de créer mon propre site web. D’abord il est parti d’un fork du blog des créateurs et contributeurs de vue.js.

Après avoir joué avec vitepress, j’ai découvert https://astro.build/ et en même pas 3h de bricolage mon blog était porté sur astro. Désolé vitepress, mais pour moi astro est une bien meilleure alternative pour faire du contenu web statique.

Entre temps, je me suis amusé avec https://bolt.new/ pour améliorer l’interface, et j’ai même ajouté un chatbot sur la page d’accueil avec l’aide de https://mistral.ai/ (on en reparlera une autre fois).

Le blog était d’abord déployé sur vercel, mais j’ai décidé de finalement le déployer chez netlify, et je réfléchis à passer chez clevercloud maintenant. C’est important pour moi de pouvoir facilement migrer d’hébergeur et de mettre en place un blog qui peut facilement migrer.

Mais maintenant se pose la question :

Est-ce que j’ai la liberté que je cherchais tant ?

Je pense que oui.

Il reste le fournisseur de nom de domaine qui peut me censurer (je pense que OVH a d’autres chats à fouetter…), et techniquement je pourrais héberger en baremetal mon site web et ne pas dépendre d’un cloud provider ou je sais pas quoi.

Mais pour tout le reste j’ai gagné ! J’ai le design que je veux, je fais ce que je veux, et je peux écrire en contrôlant des choses toutes bêtes comme l’URL, l’affichage de certains éléments sur ma page. J’ai même pris soin de sécuriser le site pour avoir la note maximale selon l’observatoire de la fondation Mozilla.

Si vous voulez reprendre le template de ce blog, tout le code est accessible en suivant mon énorme monorepo GitHub 1 et je vous invite à “fork” le blog pour créer le votre !

Bref, je suis content d’avoir pu prendre le temps de travailler sur ce projet personnel, je pense qu’il va m’accompagner un peu plus longtemps que mes précédents projets, et je veux vraiment pousser ce site que vous lisez pour devenir une référence de ce qu’apporte la philosophie POSSE, à l’image de ce qu’a fait Molly White dans l’article qui ouvre ce moment de gratitude. Mais il reste une question importante :

Nirina, est-ce que tu recommandes de créer son propre site pour tout le monde ?

Sans aucun doute, oui. Ne dépendez pas des GAFAM pour vous exprimer. Cherchez à être libres, à être indépendants. Ce n’est pas si compliqué, et paradoxalement, avec l’IA qui existe aujourd’hui, vous avez tous les moyens de vous émanciper. Et si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à me contacter ✨.

Passons au dernier moment de gratitude.

Dans la vraie vie se cache un tiers lieu merveilleux

Connaissez-vous la théorie du troisième lieu ? En résumé : on vit dans trois espaces sociaux, la famille/amis, le travail, et l’entre deux, qui est un tiers-lieu.

Je suis un habitué du tiers-lieu. Avant, durant mes études, j’étais membre actif de l’association Fablab Marseille. C’est même dans cette association que j’ai appris le développement web (drupal…) et que j’ai commencé à développer une sensibilité pour des bases de design. C’était un tiers lieu car avant de rentrer à la coloc (le premier lieu), et après les études (le deuxième lieu), je passais toute ma soirée et mes journées dans ce troisième lieu, à la frontière entre le travail et les amis.

La fin des études, le covid et le confinement ont beaucoup bouleversé cette habitude du troisième lieu, mais 2024 sera marqué par le retour de cet espace intermédiaire entre la famille et le travail.

Aujourd’hui et concrètement, cela se traduit par la quantité de meetups auquels j’ai pu participer : Designers Éthiques, Lyon Rust, Lyon JS, Yeeso, Lyon Data Science, BDXIO, et j’en oublie sûrement. Tant de sujets passionnants et de discussions super intéressantes j’ai pu avoir, de choses que j’ai pu apprendre.

J’ai même pu donner un talk au LyonJS, que vous pouvez retrouver ici, où je parle de transpilation de code.

J’adore aller à un événement sans connaître personne. Parfois je me fais discret toute la soirée et je ne parle à personne, parfois je me retrouve bizarrement au centre d’une attention qui me fait rougir. Mais petit à petit, à force d’être présent, les visages sont reconnus, les liens se tissent et on apprend, on échange, on pose des questions.

Vous vous souvenez que j’ai supprimé tous mes réseaux sociaux ? Je l’ai fait car en 15 ans d’activité assez intense sur les internets, je n’ai jamais fait une seule rencontre durable et significative en ligne. Je ne sais pas comment font les autres, mais moi ça ne marche pas.

Rencontrer les gens dans la vraie vie me permet de me sentir exister dans la assez étonnamment minuscule communauté tech (mais pas que!) qui existe à Lyon et je suis content de voir tous ces liens que je tisse avec des gens.

Merci moi et merci 2024

Concluons ! Je vous recommande vraiment de quitter les réseaux sociaux. Et je ne dis pas ça pour faire le fou du bus, mais je pense qu’internet nous sépare de ce que des millions d’années d’évolution nous ont préparé pour : le sentiment d’appartenance à une communauté.

Je remercie internet pour tout ce qu’il m’apporte, mais je n’ai jamais été aussi malheureux qu’en suivant des mouvements parfois très politiques qui, avec le recul d’avoir quitté les réseaux, ne se rendent pas compte de leur progressif décalage avec la vraie vie. 2

Cette année m’a permis de me ré-ancrer là où je me sens heureux, là où j’ai besoin d’indépendance, de liberté, et bizarrement d’une communauté réelle. J’espère que cela peut vous inspirer. Peut-être que 2025 sera, pour vous, l’occasion de repenser votre consommation du numérique ?

Je file totalement dans le moralisme ! Même pas désolé ! Si jamais, je vous invite à lire cet excellent article de Marcy Ericka Charollois dont je suis très en phase quant à la réalité de notre monde numérique : Techno-autoritarisme et design persuasif : quels risques pour nos libertés ?

Merci beaucoup pour votre lecture, et joyeuses fêtes pour celleux qui fêtent, et à bientôt pour les autres 3 4 !


Footnotes

  1. Oui je sais que mettre tout mon code sur GitHub est un gros vecteur de dépendance à Microsoft, mais j’ai mes redondances locales, sait-on jamais…

  2. Soyons honnêtes, la montée des parties d’extrême droite est la plus grande preuve que les partis alternatifs perdent aussi le lien avec la réalité de leur électorat. Je suis encore choqué par l’énergie que des personnes mettent dans leur militantisme en ligne pour des retombées inexistantes et un isolement croissant.

  3. Une newsletter, ça vous intéresserait ? C’est bizarrement plus compliqué que ce que j’imaginais à mettre en place, donc si ça vous intéresse n’hésitez pas à me pinguer, voire à m’envoyer un email à hello@nirinarabeson.fr

  4. En attendant la newsletter, j’ai un flux RSS